Quoi manger
Les « bonnes mauvaises herbes » du Québec
Les mauvaises herbes comestibles
On les appelle des mauvaises herbes, mais elles sont comestibles et savoureuses!
Prenons une petite marche avec La belle au bois gourmand, quelque part en campagne, sur un chemin peu fréquenté. Si nous portons attention à ce qui pousse naturellement au bord de nos sentiers nous y découvrirons un garde-manger à ciel ouvert regorgeant de goûts et de saveurs nouvelles ! Nouvelles ? Non, ancestrales !
Commençons simplement par admirer les couleurs chatoyantes des fleurs. Il ne sera pas difficile de repérer une quantité impressionnante de vesce jargeau, une belle grappe de fleurs mauves. Les pétales et pistils d’hémérocalles sont aussi très abondants et ajouteront une note de melon miel. Et cette touffe de fleurs jaunes ? De la moutarde sauvage ! Les fleurs et les feuilles goûtent simplement la moutarde. Quelle sensation d’apprécier quelque chose de si commun sous sa forme la plus primitive ! Et c’est sans compter les jolies fleurs mauves de la julienne des dames et celles éclatantes de la chicorée.
Maintenant que nous avons de la couleur à mettre dans notre bol, pourquoi pas y ajouter de la verdure sucrée ? En se baissant, on peut facilement recueillir les jeunes feuilles de marguerites nous offrant un goût subtil de pomme verte. Pour ajouter de l’éclat gustatif, ajoutons un peu de menthe à épis, de la mélisse et la surprenante agastache-fenouil. Voilà pour les notes légères et sucrées.
Pour équilibrer le tout, tournons-nous vers des notes un peu plus corsées. À nos pieds, il y a légion d’oseille sauvage et de dandelion. Prenons garde toutefois de choisir les feuilles des plans de dandelion qui n’ont pas encore produit de sommités fleuries, l’amertume serait alors trop présente. Mais tout ça est peut-être un peu léger et mérite d’être accompagné de feuilles croquantes, un peu plus épaisses et grasses. Assez simple, quelques feuilles d ’orpin prises au sommet du plan, des jeunes feuilles de chou-gras (chénopode blanc) et le si omniprésent plantain dont on écarte la tige et retire les fils du mieux que l’on peut. Le tour est joué!
Mais que manque-t-il donc pour compléter ce bouquet de fraîcheur sauvage? Mais oui! Une petite touche de céleri, du moins quelque chose qui nous le rappelle, la livèche. La belle au bois gourmand se demande bien ce qu’elle aurait pu oublier pour compléter cette explosion de saveurs nouvelles. Quelques fleurs de trèfle, des feuilles d’amarante, de mauve et d’arroche.
Pas besoin d’être aussi exhaustif, seuls quelques éléments de cette liste peuvent suffire à ravir les palais les plus exigeants. La Belle au bois gourmand a d’ailleurs un coup de cœur pour l’agastache, la mélisse, les feuilles de marguerite et la moutarde. Tout cela se trouve à notre portée, il suffit d’être attentif aux cadeaux que Dame Nature nous livre sans rien demander en échange. Et qu’est-ce que cela nous a coûté ? Une belle balade bucolique, un instant de répit et du plaisir à l’état pur. Peut-être une nouvelle ouverture et un nouveau regard sur la totalité de la nature, sur son pouvoir à combler nos besoins sans nous demander d’effort coûteux et destructeur.
Soyons un peu plus terre à terre, pour profiter pleinement de ces plantes surprenantes, il faut choisir un endroit protégé des zones qui auraient pu être aspergées de pesticides. Pour cela, éviter les abords des champs de monoculture comme le maïs, le blé ou le soja. Choisir un bord de chemin de boisé ou une zone protégée par des haies brise-vent. Les meilleurs feuillages sont toujours d’un vert tendre, dès que le vert est un plus foncé, la plante est plus âgée et même si toujours comestible, souvent un plus amère ou âpre.
Et comment mettre en valeur ce mesclun de salade sauvage ? En concoctant une vinaigrette simple à base d’huile d’olive et de citron par exemple. Un petit assaisonnement de sel de champignon et voici un comble de bonheur.
Par Olivier Galante, La Belle au bois Gourmand
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